La journée avait passé à une vitesse folle et depuis quelque temps, Adriel ne dormait plus correctement. Trop de soucis en tête, et peu importait véritablement la nature de ses problèmes, il avait beaucoup trop de chose dans l'esprit pour réussir à fermer l'oeil. Après avoir dépensé sa journée entière à trainer dans les couloirs d'un établissement scolaire à la manque et avoir joué l'élève modèle, il avait passé un peu de temps en compagnie de Buffy, celle qui jouait aujourd'hui l'horrible rôle qu'était celui de la tueuse. Lui même ignorait encore tout de cette élue qui, une fois chaque génération, était appelée pour garder à flot la balance des forces entre le bien et le mal. Il avait eu le loisir de lire quelque récits sur les origines de celle-ci mais rien de bien concrèt et jusqu'à présent, il avait fait chou blanc. Si la tueuse l'intriguait autant, c'était déjà parce qu'il en était raide dingue et qu'il avait peur de passer à côté d'éléments importants pour sa propre survie, mais aussi parce qu'il avait l'étrange sensation que leur position dans cette chasse perpétuelle de la graine démoniaque était étrangement liée et qu'il ne pouvait plus supporter cette impression sans en connaître le véritable sens. Buffy avait une foule d'amis, mais depuis qu'elle traînait avec lui, elle semblait devenir de moins en moins populaire. Il fallait dire que sur le campus, Adriel n'était rien qu'un étranger, un nouveau débarquant de nul part qui ne parlait à pratiquement personne. Il était jugé de garçon étrange et peu de gens osaient lui parler, concrètement. De ce fait, sa petite amie, en s'affichant avec lui, perdait en popularité et même s'il trouvait ça très attendrissant de sa part, il l'incitait toujours à garder de la distance par rapport à lui.

Tout nous ramena à cette étrange soirée, dès lors. Car non seulement Buffy l'avait quitté pour une soirée entre filles, mais il s'était retrouvé à errer tout seul dans un cimetière pourrav' et à maudire l'existence de ces vampires qui avaient ruiné sa vie. Déambulant parmi les tombes, il ne pouvait s'empêcher de sourire tout seul tant la bêtise de cette situation était ironique. Lui qui adorait les films d'horreur, le voilà qui était plongé en plein milieu de l'atmosphère angoissante et stressante de l'un d'eux. C'était tout de même incroyable ce que la vie pouvait vous faire. Lui qui n'avait jamais été qu'un garçon de ferme, avait-il pu imaginer alors qu'un jour tout changerait ? Et qu'il puisse un jour rencontrer l'Elue ? Son parcours n'avait rien de surprenant quand on remontait aux sources même de l'origine de sa chute, mais Adriel n'en parlant quasiment jamais et lorsque la question se posait, il éludait la réponse en parlant de choix, de décision et d'envie. Le monde de la nuit lui avait ouvert les bras sans même qu'il ne puisse véritablement s'en rendre compte. Il avait été avalé par l'affreux démon qu'était l'enfer avant même d'avoir pu dire "non" et s'opposer à cette décision. Lorsque les vampires avaient réduit sa famille à néant, il n'avait plus eu le loisir de se morfondre. Il s'était relevé et avait appris à se battre. En s'enfuyant de Charleston, il avait réussi à mettre un terme à cette course poursuite dont il avait été victime. Puis, par un miracle improbable, il avait posé ses valises à Los Angeles. Travaillant comme serveur dans un fast-food à temps partiel, il arrivait à louer un appartement tout en négociant avec l'école pour pouvoir alterner vie scolaire et professionnel. Un quotidien bien remlpis qu'il ne manquait pas de compléter avec les chasses, une fois la nuit tombée.

Tout le ramenait entre ses tombes et ses pensée virevoltaient dans son esprit jusqu'au moment où un bruit le ramena sur terre. Des pas ! Il tendu l'oreille d'avantage et s'arrêta net dans sa marche. Il n'était pas tout seul, quelqu'un patrouillait entre les tombes. Vampires ? Démons ? C'était difficile de le dire, mais une chose était sûre, à cette heure avancée de la nuit en plein cimetière, ce n'était sûrement pas un être humain. Il attrapa le poignard qu'il avait l'habitude de serrer entre son pantalon et son dos et s'en arma précieusement. Courbant légèrement l'échine, il avança de quelque pas dans le sens de l'origine du bruit. Il ne tarda pas à apercevoir une silhouette fine, de dos. C'était une femme. Tant mieux pour lui, car sans vouloir être mysogine, il envisageait toujours la possibilité qu'une femme, même morte, était moins forte qu'un homme et qu'il parviendrait alors à la maîtriser. Plus confiant, il avança de quelque pas lorsqu'il se rappela que Buffy était une femme, elle-aussi. Cet instant de lucidité le fit frémir et douter de sa tactique. Il voulu s'arrêter dans sa démarche mais il était trop tard. La personne était trop proche de lui pour ne pas qu'elle l'entende détaler, alors d'un geste désespérément fou, il arma son poing et s'apprêta à frapper fort pour déstabiliser sa victime mais quelque chose de surréaliste se produisit. Il réussi à désarmer son adversaire mais lorsqu'il vit voltiger un pieu et une arme, son esprit en déduisit automatiquement qu'il ne s'agissait plus d'un vampire. Voila pourquoi il ne réagit pas aux coups qui suivirent. Un premier lui brûla le visage, un second l'estomac et Adriel se retrouva au sol. Sans rien comprendre, il vit se lever le pied en sa direction et parvint de justesse à le rattraper. Son but n'était plus de blesser ni de tuer, il ne s'agissait plus d'un mort mais de quelqu'un de vivant. Il tira d'un coup sec et fit tomber son adversaire. Arrivant de justesse à se relever, la jeune femme fit de même et bien plus rapidement que lui, il parvint alors rapidement à la maîtriser en la bousculant contre un arbre. Poignard sous la gorge, il tenait son adversaire en respect pour enfin comprendre qui se cachait derrière cette bataille...

« - Jessica ? »

Il n'arrivait tout juste pas à y croire. Elle était pourtant bien en face de lui. Machinalement, il défit son étreinte et se détendu quelque peu. Même si soudainement, il se surpris à préférer la présence d'un monstre que celle d'un ex-flirt qui avait tourné à la catastrophe. Jessy avait été une fille pour laquelle il avait éprouvé de forts, très forts, sentiments mais de qui il s'était détourné pour se rendre à L.A. Il ne l'avait jamais recontactée, ni revue. Tel n'était pas son but, il avait préféré l'abandonné et lui laisser le temps de se remettre de sa disparition toute seule sans lui fournir d'explication. Il n'arrivait tout juste pas à croire qu'après tant de temps, leurs chemins se croisent à nouveau. Sous l'effet du choc, il la fixa avec un air surpris, mais ne parvint pas à articuler quoi que ce soit d'intelligent.

Il n'existait pas une phrase toute faite pour répondre à ce genre de rencontre. Pas de "Hei, comment tu vas depuis le temps ?" ni de "Je suis tellement content de te revoir" qui pourraient rendre la situation plus conviviale et moins tendue. Impossible pour Adriel donc de trouver les mots justes afin de calmer le jeu, surtout qu'il sentait que Jessy lui en voulait. Et qui pouvait-il être pour oser espérer le contraire de la part d'une jeune femme qu'il avait abandonné du jour au lendemain sans laisser un numéro auquel le joindre, ni même une bride d'explication. Ce n'était pas honnête de sa part que d'exiger qu'après tant de temps, elle lui ait pardonné son geste infâme et horrible. Mais pourrait-elle seulement comprendre l'excuse qu'il s'était répétée depuis le temps pour tenter de se convaincre qu'il avait pris la bonne décision ? Après tout, lui même n'était pas sur d'avoir choisi le bon chemin en s'éloignant de Jessica. Il l'avait tellement aimé que finalement, il avait de la peine pour elle. Il savait que dans leur brève histoire, il n'avait jamais été celui qui démontrait le plus son affection et lorsqu'il imaginait l'expression figée qu'elle avait dû avoir lorsque, tentant de le rappeler, elle serait tombé sur une ligne vocale lui annonçant que le propriétaire du numéro composait n'existait plus ? Alors c'était donc ça ? Il avait disparu... Il s'était fait passé pour mort en espérant qu'elle puisse trouver quelqu'un qui le remplace un jour, et s'était enfui. Finalement, sa décision lui paraissait si ridicule que lui même n'avait aucune bonne explication à fournir. Il se sentait nu face au regard si insistant de son ex-flirt.

Il n'avait pas imaginé tomber sur elle à nouveau. Combien même Los Angeles était une ville énorme et qu'elle appartenait à toutes et à tous, il avait cru bon d'espérer qu'elle ne prendrait pas la route pour cette ville dans laquelle il habitait aujourd'hui. Il avait reconstruit son quotidien, noué des liens et des contacts. A l'époque de leur rencontre, il était si fougueux, si volage. Il n'était qu'un enfant qui se cherchait encore et n'imaginait pas finir sa vie aux côtés d'une femme. Il avait pensé que jamais il ne pourrait suffire à une fille comme Jessica. L'excuse n'avait rien de pardonnable, mais Adriel n'en avait pas vraiment d'autre. Il ne se sentait pas prêt à vivre ce qu'il pouvait vivre aujourd'hui aux côtés d'une autre et même si c'était impardonnable comme geste, il avait préféré s'enfuir sans le lui dire, espérant qu'ainsi, la douleur ne serait que passagère. Pourtant, ainsi devant lui, il compris à son expression neutre que cette douleur était toujours présente, autant pour elle que pour lui ! C'est d'une voix serrée qu'il lui répondit en tentant de rester le plus simple possible, lui aussi.

« - Alors ça... Si j'imaginais qu'un jour je te retrouverais face à moi... C'est impensable, que fais-tu en ville ? »

Adriel n'avait pas eu l'intention de lui paraître aigri et de lui donner la sensation qu'il ne voulait pas d'elle par ici, mais la question se posa naturellement. Il ne savait pas vraiment pourquoi lui même s'était arrêté à L.A., lui qui avait toujours été si nomade, et pourtant. Il y était depuis déjà plusieurs mois et il y vivait une petite routine plutôt tranquille, rien d'important et il n'était pas sur que Jessy veuille trop entrer dans les détails de sa nouvelle vie amoureuse. Il s'était empêché de paraître trop distant mais ne pouvait se forcer à paraître amical, la situation était si tendue qu'il savait qu'un seul faux mouvement et la poudre prendrait feu, jusqu'à exploser. Un bruit détourna son attention pourtant et d'un geste sec, il bouscula Jessica.

« - Attention ! »

Il senti alors une intense douleur lui déchirer les côtes. Le vampire que la jeune chasseresse avait pris en mire venait de faire son apparition. D'un côté, Adriel aurait presque voulu l'embrasser tant il arrivait au bon moment, mais lorsque son front heurta le sol, il laissa s'échapper un juron si fort qu'il en eu mal aux côtes. Il n'eut que le temps de comprendre ce qu'il s'était passé qu'il avait déjà protégé la jeune femme en prenant sa place, l'endroit exact où le vampire avait décidé de frapper d'un coup sec. Résultat ? Notre héros s'était retrouvé arraché à la terre ferme et jeté sur le sol de manière si violente qu'il ne pensa pas pouvoir se relever, pas tout de suite... du moins !

C'était du grand n'importe quoi. Comment expliquer qu'en une seule et unique nuit, la vie d'Adriel toute entière changerait de voie. Comme si en un clin d'oeil, on avait modifié le trajet des rails sur lequel son train roulait jusqu'à présent et qu'il était forcé de passer par des paysages qui ne lui ressemblaient pas, ne lui plaisaient pas. Lorsque le vampire l'attaqua, il ressenti une immense douleur mais comparé à la douleur qu'il avait pu ressentir en revoyant devant elle celle qu'il n'avait jamais espéré revoir un jour il aurait préféré se faire tuer sur le coup. Malheureusement, il ne s'en sortirait qu'avec une côté fêlée et une explication qu'il devrait donné à sa copine de la raison pour laquelle il chassait avec un ex-flirt. De toute évidence, il était à mille lieux d'imaginer que la suite de la soirée puisse s'aggraver d'avantages. Même s'il n'était pas au bout de ses peines, il devait avouer que Jessica était une nouvelle assez mauvaise pour lui plomber entièrement le moral et la soirée. Pas de quoi en faire une salade non plus, à cela prêt qu'il n'était pas celui qui devait se plaindre mais celui qui devait se morfondre en excuse. Alors pourquoi n'arrivait-il pas simplement à se détendre et à lui faire ses aveux ? Elle n'était pas plus grande que lui après tout, et n'était pas plus forte non plus, enfin, c'est ce qu'il imaginait même si les coups qu'elle lui avait asséné plus tôt prouvaient le contraire de cette affirmation. Tout ça pour dire qu'il n'aurait pas du ressentir cette angoisse et cette peur qu'il ressentait en l'ayant en face de lui.

Allez, il était prêt à lui demander pardon. Mais bon, il faut croire que la vie ne va jamais dans le sens qu'on espère puisqu'il se fit terrasser par un vampire. Même si c'était arrivé au meilleur moment, il aurait préféré ne pas se faire frapper de la sorte. Qu'importe, face contre terre, il poussa un juron si fort que tous les morts du cimetière avaient dû se réveiller. Quant à Jessy ? Elle fit de même avant de réaliser le danger qui se présentait face à eux. Apparemment bien entraînée, elle réussi à blesser suffisamment le monstre pour le faire s'enfuir, sans le tuer. Ce qui, d'un point de vue éthique, figurait comme un échec mais qui venait tout de même de leur sauver la mise. Recroquevillé sur le sol, il suffoquait en caressant sa côte, qui lui faisait affreusement mal. Il ne pu se soucier vraiment du sort de sa collègue mais celle-ci sembla s'en remettre très vite. Elle se releva après quelques instants et vint à ses côtés. Elle s'agenouilla en face de lui et souleva son t-shirt légèrement. Lorsqu'il senti les paumes réchauffées de la jeune femme lui effleurer la peau, il se recula d'un geste brusque. Tant de souvenirs qui surgirent à nouveau, poursuivis des images de leur histoire, de leur relation. Ces nombreuses nuits qu'ils avaient passé ensemble, tout ce qu'ils avaient vécu et la tendresse des instants d'intimité qu'ils avaient eu la chance de partager. La fixant avec désarroi, il descendu son t-shirt en tremblant alors qu'elle lui lança une énième pique. La situation était toujours tendue et l'un, comme l'autre, ne savait pas comment agir. Il sentait qu'elle en avait marre de sa présence, qu'il la faisait souffrir plus qu'autre chose, mais qu'aurait-il pu faire d'autre que de se laisser tuer pour qu'elle ne l'oublie enfin ? Elle l'aida à se relever et il ne refusa pas la main qu'elle lui tendu. Faiblement, il réussi à se redresser et la fixa tendrement...

« - Je suis tellement désolé Jessica. »

Ce n'était et ne serait sûrement jamais suffisant pour qu'elle lui pardonne tout ce qu'il lui avait fait, mais ne dit-on pas qu'il n'y a rien de plus honorable pour un homme déchu que de reconnaître ses erreurs ? Il s'en voulait sincèrement de ce qu'il leur était arrivé et n'avais jamais rien prémédité. Il était parti sur un coup de tête et le regretterais sûrement à vie, mais il avait reconstruit son quotidien ici, elle avait refait sa vie là-bas, comment pouvaient-ils espérer se retrouver alors ? Il n'avait aucune envie de lui laisser croire quoi que ce soit mais ne voulait pas non plus lui lancer en pleine poire sa relation chaotique avec la tueuse. Ce n'était ni le moment, ni le lieu fait pour et Jessy semblait suffisamment affectée de sa présence comme ça. Ensemble, ils avancèrent doucement, sa côte lui faisait toujours très mal mais dans le silence de cette situation, il aurait préféré se faire briser tous les os plutôt que d'avoir à porter le lourd fardeau qu'étaient ses regrets encore une minute de plus. Il ne regarda pas Jessy, esquivant ses coups d'oeil il essayait de se calmer. Elle sentait toujours le même parfum et ces retrouvailles ravivaient en lui une brûlure qu'il pensait avoir dépassée depuis si longtemps. Elle venait d'ouvrir une plaie à nouveau et il n'était pas vraiment sûr d'avoir envie d'affronter encore ses anciens démons. Même s'il n'était pas la victime dans cette histoire, il espérait retrouver très vite un peu de paix et de calme, tout ça le pesait trop...

Il fallait que ça pète non, le mal aise était tellement intense entre eux que l'explosion ne pouvait plus qu'être proche. Et même si Lukke s'attendait fermement à ce qu'elle lui envoie en pleine tronche toute l'amertume qu'elle avait pu nourrir envers lui durant toutes ces années de silence, il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit aussi en colère et surtout pas que ça le touche à ce point. D'ailleurs, qui aurait vraiment pu prévoir que des reproches puissent anéantir une personne à ce point ? Ils marchaient côtes à côtes lorsqu'elle s'arrêta d'un coup net. Il avait mis du temps à s'excuser mais l'avait finalement fait et même si sur le coup il estimait que ce n'était pas le temps qu'il avait pris pour venir aux aveux qui comptait mais l'intention qui s'en découlait, il compris bien vite qu'elle n'avait pas l'intention de tout lui pardonner et encore moins de passer l'éponge sur tout ça. Malgré tout, malgré ses reproches et ses piques, elle n'avait pas tord sur un point et c'était plutôt blessant pour Adriel qui voyait ses propres convictions vaciller et s'écraser sur le sol aussi lourdement que lui, quelques minutes plus tard. Il est clair que si elle n'était pas réapparu dans sa vie ce soir là, jamais il ne se serait excusé envers elle. C'était évident mais jamais il ne s'était rendu compte à quel point cela avait pu la blesser. Il ne s'en voulait pas, finalement, c'était son choix, mais il se trouvait bien stupide soudainement. Lui qui était sur d'avoir pris le bon choix, en entendant ainsi Jessy s'emporter, il ne put que baisser les yeux en soupirant. Elle avait raison, elle avait été humiliée et blessée par un homme qui finalement n'en valait pas le coup. Il lui avait piétiné le coeur, et comment pouvait-il espérer qu'en s'excuser, elle oublie tout ? Il n'osait plus lever les yeux vers elle, il avait honte de lui et de ce qu'il avait fait. Bien loin de regretter son geste, il se surpris seulement à s'imaginer ce qu'il aurait pu faire pour arranger les choses. Un silence pesant s'installa entre eux. Au bout de quelques instants, il finit par relever le regard vers Jessica.

« - Rien ne pardonnera jamais ce que j'ai pu te faire, Jessica, je le sais. Mais à l'époque, si je t'ai quittée de cette manière, c'était pour des raisons précises qui m'échappent encore. Je ne pouvais pas imaginer continuer la vie que l'on avait, te savoir en danger en permanence m'effrayait tellement, l'idée de te perdre me terrorisait. Je te savais forte, mais je découvris très vite que tu étais mon seul point faible dans la mission que j'ai choisi d'accomplir depuis que ma famille s'est faite lapidée par une horde de vampire. Je n'avais pas envie de te mettre en danger et, par la même occasion, de me faire tuer à cause des sentiments qui me rongeaient à ton égard Jessica. Peur de t'aimer jusqu'au point de sacrifier un jour tout ce que j'avais cherché à construire pour te protéger, nous protéger... »

Il fut interrompu dans son monologue. Si Jessy semblait absorbée par ses paroles, une silhouette se dessina dans l'ombre quelques pas derrière eux. Fronçant les sourcils, il s'imagina tout de suite la vampire qui les avait déjà attaqué auparavant lorsqu'il comprit qu'il ne s'agissait plus d'elle. Le corps vouté, une cicatrice sur l'oeil droit et la démarche hautaine, un vampire vieux de plusieurs siècles avançait dans leur direction. Il secoua le visage en plissant les yeux d'avantage. Quelque chose dans l'allure du démon qui s'avançait en leur sens le fit trembler sans même pouvoir définir l'origine de cette angoisse nouvelle. Il attrapa Jessica par le bras et la tira derrière lui, sortant alors le poignard qu'il avait coincé entre son pantalon et le creux de ses reins. Position de protection, il observa le vampire sans daigner bouger d'un pouce.

« - Surtout, ne bouge pas Jessica... »

Il sentait ses mains trembler, ses membres se mouvoir sans qu'il n'en ait donné l'ordre et la sueur coulé sur son front. Pour la seconde fois de la soirée, il avait été sauvé par le gong dans des explications qui lui brûlaient à chaque fois l'estomac mais cette fois-ci, il n'était pas sur de préférer la présence d'un ennemi plutôt que de devoir passer aux aveux envers celle qu'il avait abandonné quelques années plus tôt. Tendu, il observa le vampire, sans bouger d'un pouce, toujours...

Spoiler:

Kakistos avait parcouru plus d'un millier de kilomètre à pied pour retrouver celle qui lui avait fait cette énorme cicatrice qui lui dessinait les contours de l'orifice où se trouvait alors, autrefois, son oeil droite. D'aussi loin que pouvait remonter le plus ancien de ses souvenirs, jamais on n'avait pu le blesser, ni même le toucher. Voila qu'en plusieurs millénaires, il n'avait jamais commis une seule erreur et cette brune, pimbêche et écervelée avait réussi à l'atteindre par il ne savait quel miracle. C'était pitoyable de savoir que non seulement on avait pu l'approcher de suffisamment près pour l'amocher, mais qu'en plus de ça, la personne qui lui avait arraché une partie de sa vue avait pu s'en sortir indemne, sans blessure. Faith Lehane ! Voilà comment elle s'appelait. Avant de la rencontrer, il avait effectué d'innombrables recherches sur cette jeune femme qui était vouée à un avenir plutôt sinistre et scellé. D'après ses informateurs, elle était la tueuse, l'élue. Celle qui devrait alors prendre à sa charge la balance du bien et du mal, ce qui était plutôt étonnant vu le dévouement avec lequel son observatrice l'avait défendue. Kakistos s'était rendue directement dans l'entrepôt qui leur servait de salle d'entraînement pour la tuer de ses propres mains, mais il n'avait réussi à l'atteindre de suffisamment près pour lui rompre les os. Bien au contraire, cette anguille de tueuse lui avait filé entre les doigts alors qu'il tuait son observatrice. Dans un élan de désespoir, elle avait réussi à le toucher et à l'aveugler un court instant pour qu'il perde sa trace.

Mais tout le ramenait déjà à Los Angeles. Il n'y avait aucun bus, d'après ses sous-fifres, des vampires peu recommandables, elle s'était lancée en direction de la Citée des Anges dans un bus et avait voyagé toute la nuit durant. Elle était arrivée à destination aujourd'hui même, alors que lui même, de son côté, touchait bientôt au but. Aujourd'hui, ce n'était plus l'envie d'abattre la tueuse, l'Elue, la chasseresse, mais seulement la vengeance, la soif de rancoeur et la rage qui s'était emparé de tous ses muscles lorsqu'elle l'avait frappé. Colérique, il avait marché durant des kilomètres sous la terre pour arriver enfin à Los Angeles. Il était alors tout juste sorti des égouts qu'il avait trouvé la direction du cimetière le plus réputé de la ville. Son arrivée avait déjà fait parler de lui et une horde de vampire avait essayé de le terrasser, sans résultat. Il avait déjà réussi à imposer sa loi en l'espace d'une seule heure et s'était directement fait informé sur l'endroit où la tueuse se rendait depuis son arrivée en ville. Ce que Kakistos ignorait, c'était qu'il n'était pas en présence d'une seule tueuse. Il ne savait pas que Faith n'était qu'une simple potentielle qui se ferait "appeler" à la mort de la véritable tueuse, celle que les vampires de L.A. redoutait déjà et qui se nommait Buffy Summers. Cette même tueuse que Faith était venue retrouver. Voila ce qu'il ignorait, et ce dont il n'avait pas idée non plus résidait dans la présence de deux inconnus dans le cimetière, plutôt bien armés. Lorsqu'il les vit, il s'arrêta net et les observa attentivement. Le jeune homme aperçut très vite sa présence et tira la femme derrière lui pour la protéger. Malheureux ! Comme s'il pouvait faire quelque chose contre la soif de vengeance d'un vampire mort depuis des millénaires. Tranquillement, il s'avança dans leur direction en souriant. Il marchait en boitant légèrement, à cause de la fatigue, mais était prêt à égorger deux êtres humains pour reprendre des forces. Suffisamment proche d'eux, il leur lança en souriant.

« - Le repas est servi !

Il observa les deux jeunes gens sans se douter qu'il s'agissait là de deux chasseurs expérimentés. Les temps avaient bien changé et Kakistos ignorait tout de cette nouvelle mode qu'était devenu la chasse au vampire. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il était énervé, grincheux et qu'il espérait pouvoir se nourrir de leur sang avant de continuer sa quête à la recherche de la tueuse. Il était prêt à se battre, même s'il sentait la fatigue blessé ses membres sous sa peau caillouteuse. Il fixa avec dédain le jeune homme, celui qui tentait de jouer le rôle du protecteur devant sa jeune amie. Kakistos savait alors déjà qu'il mettrait l'homme hors d'état de nuire pour ensuite tuer la femme sous le regard effaré de celui-ci. La torture était sa seconde et seule véritable nature !

Le vampire qui s'avançait vers eux à petits pas avait plus d'une centaine d'année et d'après la suffisance dont il faisait preuve, Adriel aurait été prêt à parier qu'il n'avait aucunement peur de deux amateurs tels qu'ils l'étaient tout deux. Il avait sorti son poignard tout en se rendant bien compte que dans un combat singulier face à un vampire si vieux et sûrement puissant, il n'aurait aucune chance de s'en servir ni même de toucher son adversaire, mais c'était plus fort que lui. Il jouait aux durs ? Possible, il avait même tiré la chasseuse par le bras pour la cacher derrière son corps. Comme s'il était suffisamment fort pour faire barrière et empêcher le vampire de les tuer tous les deux. Qu'il était niais, aussi fallait-il dire que sous la menace, la pression et l'angoisse, on ne réfléchissait plus de la même façon et si son sacrifice aurait été tout à fait honorable, il était complètement hors sujet en ce moment précis. Il n'était pas dupe, si Kakistos s'approchait suffisamment d'eux pour pouvoir attraper le bras d'Adriel, ils finiraient tous les deux en menu spécialement conçu pour les vampires. Il avait conscience qu'il n'était pas suffisamment entraîner pour venir à bout d'un pareil adversaire. Il avait combattu des tonnes de vampires et s'en était toujours très bien sorti, grâce à Buffy, il avait appris d'autres attaques bien plus puissante mais il ne disposait d'aucune force surhumaine. Souvent, il ressortait de ses combats blessés et salement amochés, mais vivant, c'était l'essentiel. D'ailleurs, il se rappela alors de sa blessure actuelle, cette horrible côte qui lui faisait toujours un mal de chien.

Machinalement, il reculait en poussant Jessica au rythme de l'ancien vampire. Gardant alors entre eux une distance raisonnable et sécurisante. Malheureusement, il n'imaginait pas encore que la jeune chasseuse préférerait jouer la carte de la moquerie et de l'ironie plutôt que celle du silence et de la fuite. Il continuait de progresser en leur direction et Adriel ralentissait sa marche arrière, il regarda alors très rapidement de chaque côté d'eux, et tenta de trouver un plan plutôt facile à réaliser. Il ne s'agissait de tuer personne, mais surtout de se mettre en sécurité. Il savait qu'un peu plus loin, il y avait une crypte plutôt grande et assez large pour accueillir deux corps humains. Il était pratiquement sur qu'ils pourraient l'atteindre avant que Kakistos ne réalise leur fuite et qu'il se mette à courir, lui aussi. Il pensait que de là, il aurait alors le loisir d'écrire un message à sa "copine" pour l'informer de la situation et l'appeler à l'aide. Car même si elle le refusait encore, elle était la seule à pouvoir les sortir de là. Elle disposait de la force nécessaire pour venir à bout d'un pareil vampire. Occupé à penser à un plan facile et rapide, il ne réalisa pas tout de suite que Jessica s'avança de quelque pas, se mettant à sa hauteur. Ce qui le ramena à la réalité fut les propos qu'elle lui lança. Soucieux de ne pas énerver le vampire, il lança un regard énervé à sa protégée et lui dit tout bas sur un ton tout aussi agacé aux mêmes allures que les éclairs qui traversaient ses pupilles dilatées.

« - Si tu crois que c'est le moment idéal pour de l'humour. »

Il fronça les sourcils avant de replonger son regard dans celui du vampire, noir et vexé. Ce dernier ne bougea plus, il s'arrêta net et son silence perturba Adriel. Il ne cessait de les observer tous les deux et tout à coup l'atmosphère devint très lourde. Adriel tourna légèrement son visage et murmura doucement en espérant que Kakistos ne puisse l'entendre.

« - A quelques mètres d'ici se trouve une crypte. Celle de la famille "Van Croy". A mon signale, cours, et ne t'arrête pas avant d'avoir atteint cette cachette. On s'y faufilera en attendant l'aube, ou de l'aide. »

Il n'attendait aucune réponse, mais le regard particulièrement éteint de sa collègue le rassura dans ses convictions. Non seulement elle lui en voulait encore et toujours pour ce qu'il lui avait fait, mais en plus de ça, elle était au bord de la crise de nerf. Il secoua le visage doucement avant de regarder à nouveau le vampire qui reprit sa progression en leur direction. Adriel recula de quelques pas, jaugeant la distance qui les séparait de la crypte puis hurla sur un ton sec.

« - MAINTENANT ! »

Et la course commença.

Le vampire fixait le couple avec une agressivité telle qu'elle aurai pu faire fuir n'importe quel animal ne serait-ce qu'un peu sensé. Pourtant, les deux adolescents ne l'entendaient pas de la même façon, bien au contraire, ils semblaient plus à même de vouloir attaquer et combattre que de vouloir prendre la poudre d'escampette. Le vampire était plutôt amusé par cette situation. En un millénaire, jamais personne n'avait osé le défier, et voilà qu'une petite imprudente brisait la chaîne. Elle lui avait répondu sur un ton désinvolte si fort que Kakistos s'en senti presque vexé. Il s'arrêta net dans sa course et fronça les sourcils. Elle n'avait pas l'air d'être aussi forte qu'elle l'entendait. Elle semblait juste arrogante et pleine de courage, mais ce ne serait qu'une simple courbe qu'elle dessinait sur la ligne droite qui la menait directement à une mort certaine. Elle était sûrement prête à tout pour ne pas mourir en victime mais en martyr, en héroine. Qu'importe, Kakistos sentait le sang battre dans les veines des deux chasseurs et bien qu'il se questionnait encore sur la raison de leur présence dans un cimetière, armés jusqu'aux dents, il ne porta pas plus d'attention que ça sur cette apparition de gens qui se proclamaient "chasseurs" de démons et de vampires et qui étaient tout aussi bien renseignés que la tueuse elle-même. Il s'était arrêté dans sa course mais petit à petit, il reprit son chemin. Ses pas l'entraînaient directement vers eux. Il n'entendit rien de la conversation qu'ils entretenaient mais il devinait la cause de celle-ci et s'en réjouissait d'avance.

« - Vous pouvez tenter de fuir. Vous n'irez pas bien loin...

Il secoua le visage en les regardant toujours avec autant de désinvolture. Il était un maître en ces lieux, un roi piétinant sur son royaume. Ils ne pourraient pas le fuir éternellement et ne s'en sortiraient pas indemnes, il le savait. Il était sur de pouvoir les rattraper, où qu'ils se cachent, et de pouvoir les tuer l'un après l'autre. Il savait qu'ils n'allaient pas tarder à détaler mais n'augmentait pas pour autant la cadence de ses pas. Ce que ces deux ados ignoraient c'était qu'une course poursuite faisait tourner le sang plus rapidement dans les veines, et plus le sang était chaud, plus il était succulent et savoureux. Kakistos avait hâte de pouvoir plonger ses canines dans la chair du coup de cette enfant qu'il dévorerait sous les yeux effarés de son ami, après lui avoir brisé les jambes.

« - Vous pourrez courir autant qu'il vous plaira, il me suffira de respirer pour vous retrouver.

Et il n'avait pas tort. Il continuait d'avancer à doux pas. Il fixait Adriel avec plus d'importance que Jessica. Car même si celui-ci ne s'était pas encore manifesté, il semblait le plus expérimenté et le plus à-même de réussir à concocter des plans sous la pression. C'était lui l'ennemi numéro un qu'il fallait mettre hors d'état de nuire avant de tuer la seconde, qui semblait plus impulsive mais tout aussi dangereuse. Il souri en coin, d'un air malicieux et tendancieux, cette soirée ne se terminerait pas sur le bruit de la nuque brisée de Faith Lehane, mais au moins, il aurait de quoi manger !

Jessica était complètement perdue, quant à Adriel, il ne savait plus comment se comporter pour que cet énorme mal aise puisse disparaître et s'évaporer. Impossibilité de faire comme si de rien n'était pourtant, elle était recroquevillée sur le sol et ne cessait de soupirer alors que lui, tant bien que mal cependant, tentait de se concentrer et de décompresser. Mais les incessants coups violents qu'assénaient le vampire à la crypte lui rappelaient à chaque instant que la mort se tenait juste là, à l'extérieur. Il avait reprit son portable à plusieurs reprises pour s'assurer que son message avait bien fini dans le dossier "Messages envoyés" et que sa petite amie la tueuse ne tarderait plus à arriver. Malheureusement pour elle, il n'y avait pas de réseau au sein de cette crypte et Adriel n'eut pas la force ni la volonté de se redresser sur ses jambes pour placer son cellulaire à portée d'une vague d'onde lui permettant alors de capter ne serait-ce qu'une barre de réseau. Sa côte lui faisait encore douloureusement mal et la brûlure ne s'effaçait plus depuis qu'il s'était rassis sur la tombe. La pierre était froide et lorsqu'il y posa ses mains, il senti la roche lui gratter la peau lentement, mais sûrement. Il préférait ne plus penser à sa douleur mais lorsqu'il éloignait de son esprit le mal que pouvait lui faire sa côte, il repensait à son histoire avec Jessica et finalement, la peine physique était plus supportable que la peine psychique et intérieure que provoquait la présence de la jeune femme dans son périmètre d'action. Non, il n'avait pas envie de la laisser s'enfuir à nouveau, il avait envie de la protéger, comme auparavant. Il se sentait infidèle envers sa petite amie actuelle que de vouloir rester si proche, si dangereusement proche de la première femme qu'il n'avait jamais aimé mais il ne pouvait s'en empêcher. Elle était bien là, et il en était plus qu'étonné même si au fond, il était heureux de la retrouver après tant d'années... Elle et sa petite bouille, elle et ses piques douloureuses et surtout elle... elle et son incroyable force à ne jamais voir que le côté négatif des choses. C'était à se damner, mais c'était avant tout un côté réaliste qui la rendait si intéressante. Elle avait toujours été franche, n'avait jamais caché ses ressentiments et après un vécu comme le sien, elle ne pouvait s'empêcher de ne voir que le noir des plus sinistres situations. Aussi fallait-il avouer que dans un univers comme le leur, ils ne pouvaient faire autrement. Son discours le fit sourire et il ne put s'empêcher de secouer la tête en souriant.

« - Les années ont eu beau s'écouler depuis notre dernière nuit, mais toi... Tu n'as pas changé. »

Il ne cherchait pas à l'énerver, même si finalement, il savait que sa réplique n'aurait aucun autre effet que celui de la faire sortir de ses gonds. Il cherchait avant toute chose à l'occuper, à lui changer les idées, à la faire penser à autre chose. Il se souvenait que dans le temps, il lui suffisait de la regarder en souriant pour qu'elle s'emporte et qu'elle ne l'engueule. Elle n'était pas du genre à apprécier l'attention qu'on lui apportait, elle était une célibataire endurcie qui ne faisait confiance qu'à son instinct de chasseuse et de femme. Une fille fière et très orgueilleuse qui aurait préféré se faire sucer tout le sang par un vampire plutôt que d'avouer à qui que ce soit ses réels sentiments. Oui, elle était d'une franchise impardonnable qui pouvait parfois se montrer blessant, mais jamais elle n'avait dit "je t'aime", et Adriel ne s'était jamais espéré à l'entendre le dire. Aussi avait-il fait le pas sur le côté romantique qu'ils auraient pu nourrir dans leur relation et s'était surpris à n'attendre d'elle que de simples attentions qui ne demandaient aucun efforts sur humains. Il adorait les rares moments où elle s'était blottie dans ses bras silencieusement, sans rien dire et ne faire d'autre que de lâcher un long soupir fatigué. Il aimait aussi se souvenir de chacun de ces instants si doux qu'ils avaient passé à regarder le soleil se lever, coucher sur une colline après une nuit de chasse, dans le silence d'une matinée fraîche. Il avait en lui beaucoup de souvenirs de sa vie avec Jessica et c'était ce qui lui avait permis d'avancer durant toutes ces années depuis qu'il l'avait quitté. Si Buffy avait été la seule à lui redonner une raison de se battre, il n'avait jamais pu oublier son premier amour, celle qui lui avait fait battre le coeur si fort qu'il avait cru le voir s'éteindre lorsqu'il avait observé son visage endormi pour la dernière fois en s'enfuyant ce matin là. Tant de choses inavouées qui les avaient finalement tué chacun doucement. Ils étaient aujourd'hui deux parfaits étrangers qui pourtant avaient vécu l'une de leur plus belle relation ensemble... Le temps n'avait effacé aucune blessure, aucun souvenir, tout était enfoui au plus profond de lui et semblait refaire surface aujourd'hui !!!

Oui, il s'était surpris à repenser à tout ça durant quelques instants et à en oublier le mal atroce que pouvait lui faire sa côte blessée. La colère du vampire s'était amplifiée et celui-ci commençait à pousser d'immondes jurons en cognant fortement contre la porte d'entrée qui ne tarderait sûrement pas à céder... Et Buffy qui n'était toujours pas là ! Conscient qu'il fallait prendre les choses en main, il se redressa sur ses jambes en réprimant un cri de douleur et tendis une main à Jessica en la fixant tendrement.

« - Relève toi ! Il faut que tu m'aides à condamner la porte avec ce cercueil ! »

Nous n'avions pas mis longtemps pour sortir de chez Buffy comme des voleuses. On aurait cru qu'on venait de faire un hold-up et qu'on partait avec le butin. Pourtant, c'était juste pour ne pas attirer la curiosité de Joyce la mère de la blondinette. J'avais rapidement dit à Buffy que je la suivais mais j'étais tout de même apeurée. C'est vrai quoi j'étais dans une ville totalement inconnue pour moi et en plus on se rendait dans un cimetière pour venir en aide à un type que je ne connais même pas. Non pas que je me fiche de lui et que je préfèrerais qu'il meurt... Non pas du tout ?! C'est juste que j'étais fatiguée et que je ne sais pas si il me reste assez de force pour me battre contre un vampire. Pourtant, c'est tout naturellement que je suivait la tueuse, la seule et l'unique à pouvoir me venir en aide. On était parties avec un attirail caché dans un sac de voyage. J'avais tout de même un pieu dans ma poche et Buffy brandissait son arbalète. Nous étions dans la pénombre et je ne pouvais m'empêcher d'avoir les oreilles aux aguets. On ne sait jamais, si le vampire en question est Kakistos, il a surement du ramener des amis qui pourraient nous attaquer à tout moment. Par chance, après un bon quart d'heure nous arrivèrent tout de même devant la porte sinistre du cimetière. Rien qu'en passant cette porte, j'avais eu la chaire de poule. J'étais totalement déboussolée mais je restais tout de même alerte au cas où.

Nous étions donc entrain de marcher lentement mais surement vers l'endroit où se trouvait le copain de Buffy. Je savais que la tâche ne serait pas facile, surtout si c'est l'enfoiré qui a tué mon observateur et qui a bien failli m'ôter la vie. Malgré le fait que nous étions deux et surtout qu'on soit sur nos gardes. Un vampire ne tarda pas à jaillir pour venir plaquer Buffy au sol. j'étais en transe en voyant ça et sans attendre une seule seconde j'avais sorti mon pieu. Et oui, même si j'avais peur, je n'allais tout de même pas me laisser faire. J'aimais l'idée de se battre contre le mal. Pourtant, je finis rapidement au sol à mon tour alors que Buffy m'avait dit de faire attention. Je n'avais pas sa grâce et je m'étais relevée avec un peu de mal. Il fallait vraiment que je pense à m'entrainer. Mais passons, Buffy ne mit que quelques minutes pour réduire cette abomination en poussière. Je suivis rapidement la blondinette qui il faut le dire se débrouillait pas mal. Comme quoi, il ne fallait jamais jugé le physique de quelqu'un, la preuve, j'étais avec une guerrière. Bref, passons, une fois à l'abri, Buffy décida d'appeler son petit ami, enfin je pense que c'est son petit ami, pour savoir si tout allait bien. Pendant, ce temps, j'étais resté un peu plus loin pour rester sur mes gardes. Le fait de voir Buffy se battre m'avait rendu la pêche, la peur était toujours présente, mais j'avais envie de me battre pour me prouver que je pouvais y arriver. D'ailleurs, je n'allais pas attendre longtemps... Un vampire venait de nous repérer. Buffy était toujours avec son téléphone et je voyais bien qu'elle s'inquiétait. J'avais appris quelques mouvements et parades, bon je ne les connaissais pas par coeur, mais ça devrait faire l'affaire.

C'est donc avec le pieux en main que j'étais venu à sa rencontre. Mon dieu ce qu'il était moche mais peu importe. Je commença à essayer de le battre comme je pouvais. Je prenais des coups mais j'arrivais à y faire face. C'est étrange, mais plus j'avais la rage et plus je me sentais pousser des ailes. J'esquivais les coups comme je pouvais et croyez-moi, j'avais totalement oublié ce que j'avais appris. Je préférais laisser la place au feeling. Et pour une fois, ça ne me fit pas défaut. C'est avec bien du mal que je réussis tout de même à venir à bout de cette abomination de la bouche de l'enfer. Après l'avoir réduit en miette, je m'étais retournée vers Buffy et tout en m'approchant d'elle, je finis par dire un peu moins apeurée... Mais bon, je restais lucide, ce vampire n'était pas Kakistos. D'ailleurs, en y repensant, la peur ne fit que revenir et surtout le stress... Je perdis mon assurance.

" - Tu as des nouvelles de ton ami ? "